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A Moscou, Bachar Al-Assad et Vladimir Poutine affichent leur unité

Les présidents syrien et russe se sont concertés sur la lutte contre les rebelles. Le « règlement politique à long terme » a bien été évoqué.

Par  (Moscou, correspondante)

Publié le 21 octobre 2015 à 11h54, modifié le 21 octobre 2015 à 17h38

Temps de Lecture 4 min.

Tenue soigneusement secrète, la venue de Bachar Al-Assad à Moscou n’a été révélée que mercredi matin 21 octobre au matin, par le porte-parole du Kremlin. « Hier soir, le président de la République arabe syrienne Bachar Al-Assad est venu en visite de travail à Moscou », a annoncé Dmitri Peskov, en précisant que le dirigeant syrien s’était entretenu avec Vladimir Poutine.

« Naturellement, les questions ont porté sur la lutte contre les groupes extrémistes terroristes, sur la poursuite des actions offensives des forces armées syriennes ».

Cette visite spectaculaire de Bachar Al-Assad, dont c’est le premier déplacement à l’étranger depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, s’est faite à la demande du Kremlin, trois semaines après le début de l’intervention militaire russe, dont les frappes aériennes sur le territoire syrien s’accroissent tous les jours.

Mardi soir, le ministère russe annonçait encore 55 sorties de ses avions de combat contre 60 « objectifs ». Une de ses frappes aurait touché un hôpital faisant au mois 13 morts selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, ce que ne confirme par l’armée russe.

Accueillant le représentant d’un « pays ami », le chef de l’Etat russe était entouré de son ministre de la défense, Sergueï Choïgou, du premier ministre Dmitri Medevedev et de Nikolaï Patrouchev, ex-patron du FSB (service secret) et secrétaire du Conseil de sécurité de Russie. « Merci d’avoir répondu à notre demande de venir malgré la situation dramatique dans votre pays », a souligné Vladimir Poutine, selon le compte rendu publié sur le site du Kremlin.

Les deux hommes ne s’étaient pas rencontrés physiquement depuis 2006, à Moscou. La réunion, mardi soir à Moscou, n’est que la troisième du genre depuis leur accession au pouvoir, en 2000.

« Endoctrinement »

« Le terrorisme international essaie de prendre sous contrôle de grands territoires, de déstabiliser la région ce qui préoccupe beaucoup de pays, et nous aussi, a insisté le président russe, en qualifiant de « regrettable » la présence, parmi les combattants de l’Etat islamique de « ressortissants de l’ex-URSS dont le nombre est estimé au minimum à 4 000 ». « Nous ne pouvons pas permettre que cette expérience militaire et cet endoctrinement idéologique réapparaissent sur le territoire de Russie », a-t-il ajouté.

Le but de cette rencontre était-il d’affirmer encore un peu plus le soutien russe au dirigeant syrien ? Le « règlement politique à long terme » a bien été évoqué, M. Poutine estimant qu’il ne pouvait se faire qu’avec « la participation de toutes les forces politiques, ethniques et religieuses », mais en fin de compte, a-t-il répété, « le mot de la fin doit rester au peuple syrien ». « Nous sommes prêts à fournir de l’aide, non seulement dans le combat contre la lutte terroriste, mais aussi dans le processus politique. Bien sûr, en relation avec d’autres puissances mondiales et avec les pays de la région intéressés à une solution pacifique du conflit », a encore souligné le chef du Kremlin.

Tout en remerciant chaleureusement son hôte, Bachar Al-Assad a exprimé sa « reconnaissance » à la Russie pour son aide en faveur, a-t-il dit, de la Syrie, de « son unité et de son indépendance. Le plus important, c’est que tout cela se fait dans le cadre de la législation internationale ». Le dirigeant syrien a poursuivi en saluant « les pas politiques effectués par la Fédération de Russie depuis le début de la crise qui n’ont pas permis au ­terrorisme de se développer selon un scénario beaucoup plus tragique (…). Chacun comprend que les actions militaires supposent ensuite des étapes politiques ». Ces étapes n’ont fait l’objet d’aucune précision, Bachar Al-Assad s’étant contenté de souligner que « le terrorisme est un obstacle réel sur le chemin du règlement politique ».

Après le retour de Bachar Al-Assad à Damas, l’activité diplomatique s’est poursuivie : M. Poutine s’est entretenu au téléphone avec le roi d’Arabie saoudite, mercredi. Une nouvelle réunion est prévue vendredi, à Vienne, entre Sergueï Lavrov et John Kerry, et leurs homologues saoudien et turc. François Hollande, lui, a dit vouloir « croire » que M. Poutine avait convaincu le président syrien « d’engager au plus tôt la transition politique et de quitter la place le plus rapidement possible ».

« Risque d’incident aérien »

Au cours de cette journée de mardi, un accord a par ailleurs été signé entre la défense russe et Washington pour prévenir tout incident aérien. Quelques heures plus tôt, Moscou multipliait sur le site du ministère de la défense les alarmes sur la présence trop importante à ses yeux d’avions menant des opérations dans le ciel syrien. « Ce protocole d’accord est à présent entré en vigueur », a déclaré Peter Cook, porte-parole du Pentagone, pour « éviter de manière efficace tout risque d’incident aérien entre nos équipages et les équipages russes ».

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Selon M. Cook, le document signé insiste sur le professionnalisme dont doivent faire preuve les pilotes, conseille l’utilisation de certaines fréquences radio communes et préconise la création d’une ligne de communication secondaire au sol. Cependant, s’est-il empressé d’ajouter, l’accord ne constitue pas le point de départ d’une plus ample coopération entre Etats-Unis et Russie en Syrie  :

« Il n’y a pas de zones de coopération, de partage d’informations ou d’informations sur des cibles. Nous continuons à penser que la stratégie de la Russie en Syrie est contre-productive et son soutien au président Bachar Al-Assad ne va faire qu’empirer la guerre civile ».

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