Prolongation des sanctions contre la Russie: l'Italie veut politiser le débat

Le président russe Vladimir Poutine dans la résidence présidentielle de Minsk, la nuit de la signature des accords de Minsk II en février dernier

© BELGA/AFP

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Par RTBF

Les Européens vont-ils prolonger leurs sanctions économiques contre la Russie ? Pour rappel, ces sanctions avaient été mises en place après la destruction du Boeing de la Malaysia Airlines par un missile d'origine russe en plein ciel ukrainien en juillet 2014. 

Parmi ces sanctions, il y a notamment l'interdiction pour les Européens d'exporter vers la Russie des équipements ou des technologies liés au secteur énergétique. Pas d'exportation non plus de biens à double usage, c'est à dire qui pourraient être utilisés à des fins civiles mais aussi militaires. Ces sanctions empêchent également la vente ou l'achat de produits financiers issus des grandes banques russes, des compagnies énergétiques ou des entreprises de défense. Des actions ciblées qui ne pourront être levées que lorsque les accords de Minsk seront complètement appliqués.

Les accords de Minsk, c'est la feuille de route pour une sortie de crise dans l'est de l'Ukraine, mais ils sont loin d'être respectés. C'est pourquoi les Européens s'apprêtaient à discrètement prolonger les sanctions de six mois ce mercredi. Mais au dernier moment, l'Italie a demandé que ce point soit reporté à la semaine prochaine, lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement.

Politiser le débat pour le rendre moins confidentiel

Et c'est une façon pour l'Italie de politiser le débat afin de le rendre plus visible. En effet, l'Italie s'est toujours montrée plutôt favorable à Moscou, comme l'explique Xavier Follebouckt, chercheur à l'UCL et spécialiste des relations entre l'Europe et la Russie : "C'est un Etat qui compte parmi les soutiens de la Russie et qui a été parmi les plus réticents à mettre en place des sanctions contre la Russie. Ici, les Italiens ont saisi l'opportunité d'une période diplomatique où la Russie semble un peu faire meilleure figure pour remettre sur la table la question des sanctions avec lesquelles l'Italie n'a jamais été vraiment d'accord". 

Est-ce que cela signifie que c'est la fin du consensus européen autour des sanctions à l'égard de la Russie ? Pour Xavier Follebouckt, ce consensus n'a jamais réellement existé : "Si tout le monde était d'accord pour dire qu'il fallait réagir après les événements dans l'est de l'Ukraine, tous les Etats n'étaient pas forcément d'accord sur le ton et la fermeté à avoir à l'égard de la Russie. Et les sanctions au final sont beaucoup moins fortes que ce qu'elles auraient pu être, notamment parce qu'on a une série d'Etats - comme l'Italie, la Grèce et éventuellement la Hongrie - qui préféraient des mesures beaucoup plus douces".

La crédibilité de l'Union européenne

De leur côté, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande, qui étaient au cœur des négociations pour l'obtention des accords de Minsk, ont toujours lié la levée des sanctions au respect des accords de Minsk, ce dont on est très loin. Mais, rappelle Xavier Follebouckt, le report de la décision de prolonger les sanctions contre la Russie ne veut pas dire que ces sanctions vont être levées : "Actuellement, sur le terrain, les heurts continuent. On en est maintenant à environ 9000 morts depuis le début du conflit, donc la situation est vraiment loin d'être réglée. (...) Je ne pense pas que les sanctions vont être levées. Je pense que ce report c'est pour essayer de relancer le débat. (...) Mais ça affaiblirait la crédibilité de l'Union européenne si les sanctions étaient totalement levées".

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